C’est une phrase que je me répète souvent, trop souvent. J’ai cette oppressante impression de ne jamais faire les choses assez bien, de ne jamais être assez pour eux, de ne pas leur donner le meilleur.
J’ai rêvé d’un idéal de la maternité que je n’arrive pas à atteindre. Je m’en veux de m’en éloigner chaque jour. Je suis perdue dans mon rôle de maman et j’ai l’impression de ne pas être à la hauteur. J’ai beau entendre les discours sur le lâcher prise, sur le fait que l’on fait de notre mieux avec les outils que l’on a, que je me mets trop de pression, que je suis déjà une bonne maman, qu’avant on ne se posait pas toutes ces questions …
J’entends, mais rien n’y fait.
J’ai deux bébés, 2 ans et 9 mois.
Mon fils était un bébé « surprise », je ne l’avais pas prévu au programme, pas pour le moment. Il y a une vérité qui me fend le cœur, que j’ai du mal à prononcer à voix haute, une vérité que je n’assume pas. C’est que je n’étais pas prête à avoir un 2 -ème enfant, surtout pas deux enfants rapprochés, pas prête à changer de mode de vie, pas prête à m’adapter, pas prête à faire de la place pour quelqu’un d’autre.
C’est un crève-cœur de l’admettre parce qu’au-delà de ça bien évidemment que j’aime mon fils plus que tout au monde, je chéris cette chance d’avoir ce petit ange dans ma vie. Mais c’est ainsi, je n’étais pas prête à faire de la place dans ma relation mère-fille et dans ma relation envers moi-même.
Je n’ai pas fait le deuil de cette vision imaginaire. C’est exactement le mot pour décrire ce que je ressens, un deuil oui. C’est peut-être extrême pour certaines personnes mais j’ai mis du temps à clarifier et dénouer ce sentiment de colère qui m’envahissait et me submergeait. J’ai 2 enfants, j’en suis heureuse et reconnaissante je ne remets pas ça en cause, mais je ne m’y attendais pas et je n’étais pas encore en phase avec cette étape.
J’entends des arguments fascinants sur le fait que deux enfants rapprochés sont une bénédiction : « ils vont grandir ensemble, ils ne seront jamais seuls, au moins c’est fait, tu as la paire c’est génial, tu es encore dans les couches donc c’est plus facile » ETC Je suis entièrement d’accord avec ces arguments, enfin parfois, cependant mon raisonnement et mon cœur ne sont pas encore en accord pour me permettre de m’aligner avec la maman que je souhaiterais être.
Plus jeune je ne me suis jamais vraiment imaginé mère, c’était même dérisoire pour moi. Quand l’envie de la maternité est arrivée, je suis tombée très vite enceinte, à peine un cycle et POUF une petite Perle était déjà nichée dans mon bidon.
C’est à ce moment que j’ai commencé à idéaliser la MUM TO BE que je devais être. Puis lorsque j’ai appris que j’allais avoir une fille, je nous ai projeté Perle et moi dans un monde utopique. Je nous visualisais entretenir une collaboration de choc et j’ai mis énormément d’attente sur cette femme que je devais devenir pour ma fille. J’avais imaginé un maternage proximal, une éducation inspirée de la méthode Montessori, rempli de bienveillance, de tendresse, de complicité, d’apprentissage, d’empathie, du « meilleur qui soit » et de paillette toute rose (parce que oui je suis girly, coquette patati patata).
Finalement je n’ai pas eu le temps de réaliser que j’étais maman d’un bébé, je n’ai pas non plus encore eu le temps de me positionner en tant que maman « idéal » et POUF voilà je suis maman de 2 bébés.
Ce monde utopique ne se réalise pas comme je l’avais prévu et j’en souffre.
Actuellement ma souffrance m’éloigne du meilleur de moi-même et m’éloigne de la mère que j’aimerais être.
Ce n’est pas tout, forcément ajoutons à ce « deuil » la réalité d’une mère avec deux bébés. Au-delà de la chance, au-delà des avantages, au-delà des ci et des ça, il y a le quotidien. Le quotidien c’est un animal sauvage qu’il faut réussir à apprivoiser et ce n’est pas de tout repos : vaisselle, repas, ménage, machine, séchage, activités, les dodos, repas, biberons, courses, budget, prévisions, vaccins, rendez-vous… Personne ne nous prépare à ce torrent qui va se déverser sur nous déjà avec un enfant mais alors avec deux enfants rapprochés ! Personne ne nous dit que notre charge mentale se multiplie au nombre d’enfant que l’on a, que nos émotions se décuplent au nombre d’enfant que l’on a, pourquoi personne ne nous l’explique ?
Pourquoi il n’y a pas une formation pour nous expliquer que les pleurs vont se multiplier, que les enfants auront des phases, surtout le TERRIBLE TWO, que l’allaitement faut s’accrocher, que les pics de croissances sont terribles, que les dents c’est surhumain (Seigneur les dents), que le manque de sommeil est inexplicable, que les sorties sont des cyclones, que le plus solide des couples peut s’effondrer comme un château de carte, que les douches sont des sprints, que même Cyril Lignac va galérer à leur faire 3 repas équilibrer, 7 jours par semaine… Repas qui va finir à 60% par terre parce que ce sont des légumes !
Parfois j’ai juste envie de crier BORDEL mais c’est quoi cette vie ?
C’est une vie puissante en tout point car elle va d’un extrême à un autre, c’est le chaos puis la minute d’après c’est le bonheur le plus simple et pur. Je ne l’échangerais pour rien au monde. Personne ne nous explique tout ça parce que malgré toutes les explications du monde il faut le vivre pour le comprendre et intégrer ces sentiments. Voilà je ne suis pas encore la femme, ni la maman que j’ai envie d’être. Je n’incarne pas la maman qui est au fond de mon cœur.
Je passe des journées où je suis à bout, des journées où je crie beaucoup, j’ai même mis « Panpan culcul » à ma fille de 2 ans, je m’étais promis que ça n’arriverait qu’en cas d’extrême bêtise. Je n’ai pas ma maison aussi rangée et bien décorée que je le souhaiterais, je ne donne pas l’éducation que j’ai préparée sur le papier, je n’ai pas cet équilibre émotionnel que je souhaite atteindre, je ne suis pas la partenaire que j’aimerais être pour mon mari… Être maman c’est être en constante remise en question et c’est épuisant.
Et puis parfois tout le monde dort, le silence s’installe, je respire, j’entends une petite voix dans mon cœur qui chuchote que « Tu fais de ton mieux, rien n’est une fatalité et tu as encore à apprendre. Ne t’inquiète pas à leur réveil tu seras une meilleure maman. »

Tellement vrai pour beaucoup de mamans je pense, et même avec un seul enfant. Les réseaux sociaux nous montrent aussi des idéals qui ne sont pas réalisables et il faut l’accepter. Une vraie maman pour moi c’est une maman comme toi Kathleen, qui veut tout bien faire et qui pense ne pas faire assez alors qu’en réalité elle en fait déjà énormément.
Tu écris avec justesse ce que beaucoup d’entre nous ressentons et que seules nous pouvons comprendre. Parfois je m’en veux de ne pas regarder constamment mon bébé jouer a côté de moi et de regarder mon téléphone ne serait ce que 5 min.
Sache que tu n’es pas la seule, et que parfois se poser et juste se dire que les sourires de nos bébés veulent tout nous dire, ils sont en bonne santé et aimés c’est l’essentiel. La maison, le linge, la purée qui reste sur la chaise c’est pas grave. C’EST PAS GRAVE ! tu es une vraie maman et une partenaire exceptionnelle
Bisous
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Coucou Floriane
Merci pour ton commentaire et merci aussi pour ton empathie ! Désolé de te lire si tard je n’avais pas regarder l’espace commentaire depuis un moment déjà ! Je suis passée par une période compliqué et heureusement qu’écrire m’a aidé à relativisé et faire le point ❤
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